

CHARLES GIDE, né à Uzès (Gard) le 29 juin 1847 et mort à Paris 16e le 12 mars 1932, est un économiste et un enseignant français. Il est le dirigeant historique du mouvement coopératif français, le théoricien de l’économie sociale, le président du mouvement du christianisme social, fondateur de l’École de Nîmes et membre de la Ligue des droits de l’homme ainsi que de la Ligue pour le relèvement de la moralité publique. Il est l’oncle de l’écrivain André Gide.
Né dans une famille protestante, son père est magistrat et sa mère, Anna Granier, s’apparente à la bourgeoisie uzétienne. Il se marie avec une Suissesse Anna Im Thurn (de), dont la famille possède le domaine des Sources à Bellegarde. Héritier du socialisme français associationniste, dreyfusard, animateur des Universités populaires, théoricien du solidarisme, propagandiste de l’association et de la coopération, etc.
En 1886, Charles Gide rejoint le mouvement coopératif qui se réorganise en France. Il va lui donner une doctrine -celle de l’École de Nîmes-, rapidement condamnée par des libéraux qui y voient une dangereuse dérive socialiste et considérée avec méfiance par les socialistes qui la jugent trop “bourgeoise”. Doctrine qu’il expose au 2e congrès coopératif de Lyon. En 1886, il fonde la Revue d’économie politique.
Pour Charles Gide, le principal fondateur de cette École est Édouard de Boyve (1840-1923). L’ouvrier typographe Claude Gignoux (1870-1931), imprimera pendant cinquante ans le journal l’Émancipation, considéré comme l’organe de l’École de Nîmes. Charles Gide y écrira 840 articles de 1886, “Ni révoltés, ni satisfaits”, à 1931, “Une visite à Gandhi”. Il y manifeste avec constance l’effort de tout un courant de pensée pour dégager, entre libéralisme débridé et toute-puissance de l’État, une voie qui permette à la société de se développer dans un sens à la fois efficace économiquement, moral et respectueux de la liberté individuelle : la solidarité en est le principe, la coopération et l’association en sont les moyens.
Il s’intéresse au phénomène associatif en France et à l’étranger, notamment au moment de l’exposition de l’économie sociale de 1889 et pour le pavillon de l’économie sociale dans l’Exposition universelle de 1900, et il rédige le rapport général sur l’économie sociale. Dans son rapport de 1889, il présente son programme de coopération économique : associer capital et travail ; faire du travailleur le propriétaire du fruit de son travail. En trois étapes : 1/ grouper entre elles les sociétés, fonder de grands magasins de gros et opérer des achats sur une grande échelle ; 2/ utiliser les capitaux rassemblés pour produire tout ce qui est nécessaire aux besoins des sociétés ; 3/ acquérir des domaines agricoles, produire le vin, le blé, le bétail, les fruits et les légumes.
La coopérative de production est pour lui le type même de l’association qui entre dans le cadre de la solidarité : le profit est payé par le consommateur, plutôt que par le travailleur salarié, il a de la sympathie pour Jean Dollfus qui considère « qu’il est dû à l’ouvrier plus que son salaire ».
Il promeut la solution coopératiste en l’opposant à la solution socialiste : « Entre notre socialisme coopératif et le socialisme collectiviste, même le plus sympathique, il restera toujours cette différence essentielle que le premier est facultatif et volontaire tandis que le second est coercitif. »
Charles Gide est le théoricien de la solidarité, concept qui sera repris par Léon Bourgeois et Durkheim :
« La solidarité est un fait d’une importance capitale dans les sciences naturelles, puisqu’elle caractérise la vie. Si l’on cherche, en effet, à définir l’être vivant, l’individu, on ne saurait le faire que par la solidarité des fonctions qui lient les parties distinctes, et la mort n’est pas autre chose que la rupture de ce lien entre les divers éléments qui constituent l’individu, et qui désormais désassociés, vont entrer dans des combinaisons nouvelles, dans des êtres nouveaux… »